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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 20:57
Nous voici de retour sur La Paz après notre excursion de 3 jours au Huayna Potosi (6088m). Pour faire durer un peu le suspense, je ne vais pas vous dire tout de suite si nous sommes parvenus au sommet ou pas. Je vais plutôt, comme d’habitude, vous raconter pas à pas ce que nous avons vécu.

1er jour : nous avons rendez-vous à 9h à l’agence où nous rencontrons notre guide, Lorenzo, ainsi que le couple d’espagnols (la cinquantaine) avec qui nous partons. 1er arrêt : le dépôt de matériel de l’agence. Ici, on s’équipe de la tête aux pieds pour affronter la montagne : bottes, crampons et piolets pour avancer dans la neige et la glace, pantalon et veste imperméables, sacs de couchage pour les nuits bien fraiches etc. Ensuite nous prenons la route pour le 1er refuge dans lequel nous allons passer la nuit, à 4750m d’altitude. Il est plutôt confortable, avec plusieurs chambres et une cuisinière qui s’occupe de nous mijoter quelques plats (ouf, on n’aura droit qu’une seule fois au pollo frito !). Après le déjeuner, nous nous équipons et marchons 1h30 environ pour aller faire quelques exercices sur un glacier : comment avancer au mieux avec des crampons, comment utiliser un piolet, descendre une paroi glacée en rappel etc. L’altitude nous coupe un peu le souffle, mais dans l’ensemble tout se déroule bien et on passe un très bon moment. Seule Mirene, l’espagnole est un peu refroidie par les difficultés et décide de ne pas continuer l’aventure. Elle rentrera sur La Paz dès demain matin. Le soir, nous nous réchauffons devant un bon feu de cheminée et filons nous coucher… c’est qu’il est déjà 21h !! ;-)

2ème jour : lorsque nous nous réveillons, nous comparons tous notre état de forme. Pour l’instant, à part un léger mal de crâne pour Renaud, nous ne semblons pas souffrir de l’altitude (mais moi je traine une angine depuis 2 jours… super timing !). Ce matin, nous avons quartier libre et en profitons… pour ne rien faire, évidemment ! Vers midi, nous croisons 4 touristes qui reviennent du sommet. Un des gars a bouclé la montée en 3h30 sans problème alors que l’autre qui a mis 5h est livide et au bord de l’évanouissement. Quant aux 2 nanas, elles n’ont pas du tout tenté l’ascension en raison d’un fort mal de crâne dû à l’altitude. Vraiment, c’est difficile de se faire une idée de ce qui nous attend ! A 13h30, nous prenons la route pour le second refuge où nous allons passer la nuit ce soir, à 5400m d’altitude. Mirène est retournée sur La Paz, mais Dorotha, une polonaise, nous rejoint pour faire l’ascension avec nous. La montée commence par un sentier de randonnée assez classique et pas trop raide. Mais au bout d’une demi-heure, ça se complique et on se retrouve à crapahuter sur des rochers et à grimper dur pendant 2 bonnes heures. Et bien là les amis, je m’inquiète déjà pour demain ! A voir comment je suis essoufflée et comment mes jambes sont de plus en plus lourdes à lever, je ne sais pas comment je vais réussir à gérer une montée de plus de 6 heures dans la neige ! Enfin j’aurai le temps de m’en préoccuper plus tard, en attendant je rame pour ne pas être trop « à la ramasse ». La dernière heure, quant à elle, s’effectue carrément dans la neige : en zigzag pour ne pas affronter une pente trop rude, on essaie de limiter les glissades et nous sommes bien fatigués lorsque nous parvenons au refuge. 3h30 seulement de montée, mais qui en paraissent 6 ! Le refuge est beaucoup plus sommaire que celui d’hier : une simple cabane en tôle, avec à peine l’espace pour 6 matelas posés à même le sol les uns collés aux autres. Nous avalons notre diner avec peine car l’altitude nous coupe l’appétit et nous mettons au lit… à 18h. Et oui, ce que je ne vous ai pas encore dit, c’est que la dernière journée commence en fait la nuit, avec un départ prévu à 2h du matin !! Ce n’est pas seulement pour voir le lever du soleil du sommet de la montagne, c’est surtout car certaines parties sont un peu dangereuses si la neige est trop ramollie par le soleil.

3ème jour : le réveil à 1h du matin est cruel. Enfin réveil…vu le peu que j’ai dormi, on ne peut pas vraiment appeler ça un réveil ! Je ne sais pas si c’est l’altitude, le froid (je crois que je n’ai jamais eu aussi froid la nuit !) ou l’excitation, mais je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Renaud, de son côté, a réussi à dormir par intermittence une heure ou deux. Nous nous équipons tranquillement en tentant de nous réchauffer avec une tisane de coca (l’herbe, pas la boisson gazeuse !), et sommes prêts à partir à 2h30. Dans la neige, avec les crampons, je souffre dès les premières minutes. Evidemment, quand c’est plat ça va mais dès que ça commence à grimper, j’ai l’impression de cracher mes poumons. Et puis avec 3 ou 4 kilos à chaque pied (chaussures + crampons), et des pas qui parfois s’enfoncent jusqu’au genou dans la neige, la montée est vraiment difficile. Nous sommes encordés à 3 : le guide en premier, moi puis Renaud. Au bout de 2 heures d’ascension, je craque complètement et c’est en larmes (de fatigue et de déception aussi) que je décide de rebrousser chemin. Nous ne sommes mêmes pas à la moitié du chemin et je n’en peux vraiment plus. Dans la nuit, à la lueur des étoiles, je devine le sommet qui est si proche mais en même temps si loin ! Du coup, Renaud rejoint la cordée de Dorotha et de Juan José, tandis que moi je fais demi-tour avec notre guide Lorenzo. Un peu moins d’une heure plus tard, je m’écroule sur mon matelas, grelottante de froid et vraiment déçue de ne pas y être arrivée. A Renaud de vous raconter la suite maintenant !

Depuis le début de l’ascension j’essaie d’encourager et de motiver Maryline, mais là elle n’en peut vraiment plus. Il vaut mieux qu’elle redescende. De mon côté, je peine aussi un peu dans les montées, mais je me sens assez en forme pour continuer. Tout le long du chemin, on enjambe plusieurs crevasses mais on ne craint rien car on est bien encordés. Plus on avance, plus mes jambes deviennent lourdes. A peine 30 mn après le départ de Mary, nous nous retrouvons devant une paroi glacée très raide que nous devons gravir à l’aide des crampons et du piolet. A 4h du matin dans la nuit glaciale à 5700m, c’est bien moins drôle que les exercices du premier jour ! Les dernières 90 minutes sont vraiment éprouvantes. Tous les 3, nous sommes à bout de force mais nous nous encourageons mutuellement car si l’un de nous craque, c’est toute la cordée qui doit redescendre. La pente est très raide, et nous devons vraiment tout donner pour parvenir à l’arrête qui nous conduit au sommet enneigé. J’ai bien cru que je n’allais pas y arriver ! A 7h30 du matin, après 5 heures d’une rude ascension, nous parvenons finalement au sommet du Huayna Potosi, à 6088 m. Nous avons raté le lever du soleil au sommet (nous l’avons vu en court de route), mais le spectacle est magique. Entre la fatigue et l’émotion d’y être arrivé et d’être allé au bout de mes limites, je craque un peu au sommet mais mes camarades ne sont pas surpris de me voir pleurer car ils sont quasiment dans le même état que moi. Nous restons une bonne demi-heure sur le sommet avant d’entamer la descente qui nous coupe encore un peu plus les jambes. Il est 10h lorsque nous parvenons au refuge où Mary et Lorenzo nous attendent. Encore 2h30 de marche, et nous parvenons vers 13h au refuge « bas » d’où nous repartons en voiture pour La Paz. Je suis exténué, c’était très dur physiquement et mentalement, mais je suis vraiment heureux d’être allé au bout !

Demain, nous partons Rurrenabaque dans la jungle amazonienne. Une toute autre expérience en perspective !

L´Huayna Potosi et ses 6088m


Mary descend en rappel une paroi glacée


On est pas mimis dans nos combis !!

Montée dans la neige avec nos baskets (2ème jour)


Un peu de bonzette avant l´effort


Notre refuge des plus simplistes à 5400m

Maryline parée pour la montée jusquáu refuge situé à 5400m

Notre guide à quelques mètres du sommet


Ah enfin le sommet !!

Juan José, Dorotha et moi à quelques 6088m au dessus du niveau de la mer


Paysage de neige et de glace vus pendant l´ascension
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commentaires

J
Mon petit Renaud je suis fier de toi, putain ça devait envoyer du bois, le pied !<br /> Maintenant c'est toi qui est allé le plus haut de la fine équipe, avec mais 4000 et des poussières je fais vraiment petit joueur.<br /> De toute façon la plus belle montagne culmine à 395 m !!!
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S
Je suis vos aventures depuis le début et c'est absolument captivant. J'apprécie l'écriture de Maryline qui nous entraîne sur vos pas. Bravo.<br /> J'attends avec impatience la prochaine étape.
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C
BRAVO à tous les deux vous pouvez être fiers TOUS LES DEUX nous continuons à vous suivre ....<br /> bises <br /> Christian et Josiane
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S
Salut vous 2 !<br /> Ca fait plaisir de voir d'aussi belle photos et bravo à vous pour cette sacrée expérience.<br /> Mary, c'est simple, on ne te reconnait plus ! Renaud, félicitations pour être allé au bout, je vois que tu es maintenant paré pour la prochaine ascension dans les Alpes avec Jérôme :-) !<br /> Gros bisous des Cadilhac
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D
Hello! Beautiful pictures! I wish I could read French to follow your adventures but at least I could enjoy your photos. I promise to send some photos from Huayna when I come back to Poland in 2 weeks!!! Good luck and buen viaje!!!
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