3 mai 2008
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Partir en excursion sans prendre de guide est l’une des meilleures idées que nous ayons eu depuis le début de notre aventure. Nous sommes rentrés il y a quelques heures d’une randonnée de 2,5 jours dans les villages entourant Sapa… deux jours extraordinaires ! Nous sommes donc partis jeudi matin avec nos petits sacs à dos, 2 sandwichs et une bouteille d’eau, sans trop savoir où on allait, ni où on pourrait dormir. La route est facile à trouver : on n’a qu’à suivre les petits groupes de 3 à 4 touristes qui se suivent à quelques dizaines de mètres les uns des autres (chacun avec un guide différent). En plus du guide, chaque touriste est « suivi » par une jeune femme de l’ethnie Hmong. Les nôtres s’appellent Su et Ga, elles sont sœurs. Apparemment c’est une sorte de coutume, pas moyen de leur échapper ! Evidemment il y aura une contrepartie car elles ne vont pas faire 15 km sans rien en retour… c’est ce qu’on appelle de la vente forcée, mais on aura le temps de s’en préoccuper plus tard. En attendant, nous on est plutôt contents de les avoir car elles nous servent de guides et nous orientent lorsque la piste devient un peu difficile à suivre. Car très vite, on quitte la route pour descendre en plein milieu des rizières et suivre une petite rivière, dans un paysage absolument magnifique.
Au fil de la journée, on discute avec nos 2 amies, bien que leur anglais soit très limité : le nombre de personnes dans nos familles, l’âge de ses enfants, le métier de son mari etc. Lorsqu’elle nous demande où on va dormir ce soir, je lui réponds en rigolant « je ne sais pas, on verra. On peut dormir chez toi ? ». Elle rigole : « chez moi ? ok ! ». Ben… ok alors ! Su habite dans le petit village de Giang Ta Chai, un peu plus loin que le village de Ta Van où nous avions prévu de nous arrêter pour dormir. Qu’à cela ne tienne, on s’adapte ! Dans la plupart des villages, il est possible de loger chez l’habitant. Mais si les maisons sont effectivement traditionnelles, le système et tellement rodé et utilisé que ça ressemble plus à un dortoir qu’à une chambre ! Su n’a pas l’habitude de recevoir des touristes, d’habitude elle les conduit dans un « home stay » et retourne sur Sapa ou bien chez elle. Du coup on est vraiment content de pouvoir passer la nuit chez elle, c’est pas tous les jours qu’on peut dormir chez des Hmongs ! Sa maison est toute simple, mais plutôt grande. Elle y habite avec son mari, qui cultive quelques bouts de rizière et un petit champ de blé, et ses 2 enfants de 6 et 10 ans. Je pense qu’elle nous a laissé son lit pour la nuit. La famille nous accueille à bras ouverts, de même que les voisins qui sont très curieux et nous demandent à plusieurs reprises de nous asseoir avec eux sur leur terrasse (en passant, ils ont une vue sublime sur les rizières, les montagnes et une chute d’eau).
Dès 18h, Su nous demande de rentrer. Le diner est prêt : une soupe de nouilles, du riz, des pommes de terres bouillies et de la viande. Un vrai festin ! Après le diner, le mari branche la TV et le lecteur DVD… et zut, ici aussi on va avoir droit à du karaoké !! Mais pas n’importe lequel : du karaoké catholique en Hmong !! Et oui, au bout de la troisième ou quatrième chanson, je me rends compte que le « Yes Xus » dont ils parlent dans les chansons ressemble étrangement à Jésus. Je me lance à la poser la question. Effectivement, les hmongs sont chrétiens, ce qui les différencie des autres ethnies de la région. Su se met à pousser de grands cris de joie quand on lui dit qu’en France aussi on a Jésus (oui je sais, dit comme ça c’est un peu ridicule, mais je vous rappelle qu’elle parle très peu anglais donc c’est difficile de rentrer dans les détails !!). Aussitôt, le mari nous sort une bible (en hmong) : on passe une quinzaine de minutes à essayer de déchiffrer des mots ou noms familiers. A chaque fois, ils éclatent de rire et poussent des petits cris… c’est une scène complètement surréaliste ! Ensuite c’est à notre tour de leur montrer des choses : on sort notre ordi portable, et on leur montre plein de photos de famille, et aussi celles qu’on a fait dans la journée. Ils sont absolument captivés (la famille + les voisins + d’autres personnes encore).
Pour finir la soirée, le mari, décidemment à fond dans la religion, nous met un DVD un peu bizarre sur toutes les catastrophes qui sont arrivées ces 50 dernières années (famines, guerres, pollution, épidémie etc ) et qui auraient été prédites dans les Evangiles (… enfin… c’est ce qu’on en comprend !). A 22 heures, nos yeux commencent vraiment à se fermer et heureusement Su nous propose d’aller nous coucher. Il vaut mieux ne pas tarder, elle se lève entre 4h et 5h du matin !!
Le lendemain, toute la famille est effectivement debout vers 5 heures, mais nous on n’y arrive pas… levés à 7h, ils doivent nous prendre pour de gros fainéants !! Après un petit-dej copieux (la même chose qu’au diner hier, en fait…), nous reprenons la route avec Su, pour environ 5 heures de marche jusqu’au village de Ban Ho. Le paysage est toujours très beau, mais moins qu’hier : tout au long du trajet, les vietnamiens construisent des routes pour relier les villages entre eux, et parfois on passe au milieu du chantier. Nous arrivons à destination vers 13 heures. Ici, c’est l’ethnie Thai qui est majoritaire. Nous prenons un lit dans une maison sur pilotis habituée à recevoir des touristes. Il y a au moins une vingtaine de matelas par terre… plus dortoir que ça tu meures !! C’est l’heure pour nous de dire au revoir à notre amie Hmong, qui nous a fait partager un peu de son quotidien.
Puis nous prenons la direction des chutes d’eau pour nous rafraichir un peu. On trouve au petit coin tranquille sur les rochers… mais ça ne dure que quelques minutes, jusqu’à ce que 2 groupes de vietnamiens débarquent et se collent à 20 cm de nous… arghhh !!! A partir de là vous pouvez imaginer la scène : moi à faire ma mauvaise tête et à ronchonner « mais c’est pas possible, ils ne pouvaient pas se poser ailleurs ?? », pendant que Renaud commence à faire la causette. Il cause tellement que les jeunes avec qui il discute nous proposent d’aller avec eux aux sources chaudes, à 1km d’ici. Pourquoi pas ? On passe le reste de la journée ensemble, et le reste de la soirée aussi, à boire une bouteille de vin rouge et de l’alcool de riz. Un peu plus tard, d’autres jeunes vietnamiens nous rejoignent et on part se promener dans les rues du village. Très sympa ! Renaud a un succès fou auprès des vietnamiens : le soir, alors qu’on regarde les photos que les jeunes ont pris tout au long de la journée, on découvre plusieurs photos « volées » de lui. Les garçons lui ont dit qu’il ressemble à Franck Lampard, un joueur de foot. Un peu plus tard, c’est une jolie vietnamienne qui lui dit qu’il ressemble à Brad Pitt. Bon… ça suffit maintenant !!
Ce matin, après une bonne nuit passée sous notre moustiquaire, nous prenons un petit-déjeuner rapide avant de rejoindre nos nouveaux amis vietnamiens (ils sont 5 entre 25 et 27 ans). Ils sont en voiture et nous ont proposé de nous ramener à Sapa, ce qui nous évite de devoir nous taper les 25 km du retour à la marche ! Et nous voici donc de retour à Sapa. Il fait très brumeux aujourd’hui, ou plus exactement la ville est noyée dans les nuages. Heureusement qu’on a fait le trek ces deux derniers jours ! On est vraiment content de ne pas avoir eu de guide : ça nous a permis de dormir chez Su et de faire connaissance avec ces jeunes. On a passé deux journées formidables, au milieu de paysages sublimes, avec des gens très gentils. Le top, quoi !
un, deux, un, deux... allez, on avance !!
les rizières en terrasse, paysage de carte postale
Ne groupe de 5 vietnamiens avec qui nous avons passé une bonne partie de l'après-midi et de la soirée hier.
Beaucoup de bébés sont sur le dos de leurs mamans
encore des rizières...
La maison de Su et son mari en train de couper du bois
Des gamines qui tentent de nous vendre des bracelets et des sacs, près des chutes d'eau