Comme promis, voici la suite de notre trajet pour redescendre sur Mandalay.
Jour 4 : Bahmo – Katha, 12 heures de ferry
Aujourd’hui, nous prenons le départ pour Katha en ferry. Moyennant 4$/ personne (52$ en cabine oups !), nous nous installons sur le pont supérieur. Il est bien bondé, les birmans ayant l’art et la manière d’emporter systématiquement avec eux des montagnes de sacs et bagages. On zigzague entre les nattes, les paniers et les gens étalés sur le pont pour finalement atteindre l’avant qui est désert. Visiblement, c’est réservé aux passagers qui ont une place en cabine mais comme personne ne nous dit rien, on squatte littéralement la place. Ce sera notre « QG » tout au long de la traversée, mais pas question de rester isolés des locaux… on passe beaucoup de temps sur le pont au milieu des birmans, à prendre des photos, à essayer de discuter avec les rares qui parlent 3 mots d’anglais, ou bien à tenter de faire des phrases en birmans (grâce au lexique de notre guide) qu’ils ne comprennent pas à cause de notre accent, mais ça les fait bien rire.
Renaud se fait quasiment adopter par une famille de 7 personnes (le père, la mère et les 5 enfants). Je ne vous dis pas le nombre de photos qu’on a prises ! Ils sont vraiment adorables : ils nous prêtent des assiettes pour qu’on puisse manger nos nouilles à midi, ils nous proposent des bananes et des biscuits à longueur de journée. Les 2 petites sont pendues à nos bras pendant plusieurs heures. Bref, du pur bonheur pendant toute la descente !
Nous arrivons à Katha vers 19h et prenons nos quartiers dans la guesthouse avant de filer au marché de nuit à la recherche d’un plat pour dîner. Il est déjà tard (ici ils dinent plutôt entre 17h30 et 19h) et on a un peu de mal à se mettre d’accord, entre Sophie qui a envie de nouilles, moi qui suis plutôt « curry » ce soir et Anya qui est végétarienne ! Après avoir arpenté la rue principale de long en large et examiné avec attention les dizaines d’échoppes, on finit pas se résoudre à se séparer pour diner. Bon tout est relatif, moins de 100 mètres nous séparent…
le pont superieur, un peu encombre...
la petite famille avec laquelle nous sommes restes un bom moment (cf d'autres photos en bas de page)
Jour 5 : Katha
Katha est une jolie petite ville au bord du fleuve, entourée de villages « ethniques », de champs verdoyants et de jungle un peu plus loin. Nous décidons de louer des vélos pour explorer un peu les environs. Grâce à une carte très détaillée dessinée à la main par le très serviable manager de notre guesthouse, nous nous rendons d’abord au nord de la ville, dans un village Kachin. Nous traversons le village, constitué de sortes de cabanes avec un toit en tôle et montées sur pilotis. C’est à ce moment là qu’on entend un grand bang suivi d’un cri d’Anya… elle a crevé. Alors qu’on est comme des couillons nos vélos à la main, on arrête 2 hommes qui passent à côté de nous pour leur demander notre chemin. L’un deux nous conduit jusqu’à une petite boutique dans laquelle on peut faire réparer le pneu. Il attend avec nous, pour vérifier que tout est ok, et au moment de payer les 200 kyats (13 cts d’Euro) pour la réparation, le voilà qui sort un billet de sa poche et refuse qu’Anya le rembourse !! Incroyable…
Apparemment, Anya et Sophie, qui voyagent toutes les 2 toutes seules, sont souvent confrontées à ce type de situation, avec des birmans qui insistent pour leur payer une boisson ou un repas.
Un peu plus loin, c’est Sophie et moi qui n’en revenons pas de la gentillesse de ces gens. Alors qu’Anya est rentrée car elle ne se sent pas très bien et que Renaud se fait raser dans une petite échoppe au bord de la route, on s’assoit toutes les 2 sur des marches à l’ombre, juste en face. En moins de 5 mn, la mère de famille à qui appartient visiblement la maison d’à côté nous a apporté 2 chaises, 2 verres d’eau et une assiette avec 6 bananes et une serviette. Ensuite, c’est le fils ainé, d’une vingtaine d’année, qui nous demande si on veut écouter un peu de musique. Pourquoi pas ? Il sort alors sa guitare sèche, et se met à chanter 5 ou 6 chansons pour nous et le reste de la famille qui s’est également assise sur les marches. Vraiment un super moment !
En fin d’après-midi, on se dirige de l’autre côté de la ville, vers un village Hindou au bout duquel on tombe sur un monastère qui respire la tranquillité. On s’y cale, une quarantaine de minutes, assis à l’ombre d’un arbre. Anya s’amuse à photographier dans tous les sens une dizaine de jeunes moines surexcités tandis qu’un moine plus âgé se lance dans une longue conversation avec Sophie. Elle est captivée, fait des « mmh », hoche de la tête et rit en même temps que lui. Le seul « hic », c’est que ça fait 15 mn qu’il nous cause en birman et qu’évidemment on ne comprend rien ! De retour au village, on se fait encore « avoir » à cause de l’heure : le resto chinois qu’on veut tester de même que le stand de chapati sont déjà fermés. Tant pis, on est bon pour diner encore des nouilles !
Jour 6 : Katha – Mandalay – 12 heures de train
Katha a été rendue célèbre car c’est là que Georges Orwell a écrit et situé l’histoire de son roman « Burmese Days ». Sophie l’a lu avant de venir, Anya est en train de le lire, et moi je compte bien le trouver une fois revenue à Mandalay.
Du coup, ce matin on part tous les 3, Sophie Renaud et moi à la recherche du « British Club » où se réunissaient les anglais lorsqu’ils administraient la ville. Autant vous dire qu’on prend notre temps : une première pause pour prendre un café, une deuxième au marché pour grignoter des samosas, une halte sur les marches au bord du fleuve pour regarder des birmanes laver leur linge, une nouvelle pause pour boire un jus d’avocat… on est un peu amorphe aujourd’hui et tout effort nous parait surhumain.
On finit, quand même, par trouver le fameux club (ou du moins ce qu’il en reste) ainsi que le court de tennis et la maison dans laquelle a vécu G. Orwell. Au terrain de tennis, on rencontre un birman équipé pour frapper quelques balles (mais tout seul…). C’est quand même la première fois, quand on dit qu’on vient de France, que quelqu’un nous répond du tac au tac « oh… Amélie Mauresmo, Yannick Noah !! » avec un sourire immense (d’habitude, c’est plutôt Zidane…).
Il est 16h, juste le temps de repasser à la guesthouse pour récupérer nos sacs et nous voilà devant le bus qui nous conduit à Naba, d’où nous prenons le train pour rejoindre Mandalay. Le bus est censé partir à 17h. 17h05, 17h10, 17h15… tient c’est bizarre, d’habitude les bus birmans partent bien à l’heure. Et puis Sophie a une idée : « ne me dit pas qu’ils attendent qu’on monte pour démarrer le moteur !! ». Et bien si, à peine tous les 4 installés sur les sièges de devant, une quinzaine de personnes s’entassent debout près du chauffeur (dont 3 carrément en dehors du bus, le pied simplement posé sur le marche-pied) et c’est parti mon kiki. Y’en a pas un qui a osé nous dire de monter… c’est trop mignon !! ;-)
Le paysage, au milieu de la jungle sans âme qui vie, est magnifique. L’arrivée à la gare de Naba est moins sympa : notre réservation de billets n’a pas été prise en compte, et il n’y a plus que 2 « ordinary class » et 2 « upper class » disponibles, et le train suivant est complet. Oups… 12 à 15 heures dans une ordinary class, c’est un peu rude ! Finalement c’est Sophie qui s’y colle, car Anya avait de toute façon prévu de prendre une « ordinary ».
Jour 7 – Back in Mandalay
Nous voici donc bien revenus à Mandalay, lundi 17 mars. Le trajet de nuit s’est bien passé même si on n’a pas vraiment dormi. Aujourd’hui c’est une journée cool (oui, encore une !!). Nous avons 2 missions : nous connecter à Internet pour relever nos messages et poster quelques articles, et surtout tenter de changer nos dates de retour à Bangkok, pour prolonger d’une dizaine de jours notre séjour ici. Problème, la compagnie est injoignable est c’est un peu la galère car de l’extension ou pas dépendent beaucoup de choses : quand aller à Bagan ? A-t-on le temps d’aller à Hsipaw pour le festival de la pleine lune ? quid du lac Inle ? Sophie est dans le même cas que nous, encore un peu plus speedée car elle, son vol est prévu le 21 mars. Du coup, on passe un bon moment à se faire des nœuds au cerveau et à faire des hypothèses : si je peux décaler, si je ne peux pas etc. Pff… c’est trop dur !
Ce soir, on a besoin de faire une pause dans notre régime « nouilles-riz ». Du coup, ce sera hamburger et frites ! Chic chic chic !!!
Demain, nous louons un pick-up pour nous rendre à Pyn U Lwin où nous resterons 1 ou 2 nuits, avant de rejoindre Hsipaw où doit se tenir un grand festival religieux pour la pleine lune. Encore une fois, on risque de ne pas avoir de connexion internet pendant quelques jours, au moins jusqu’à notre retour sur Mandalay le 23 (ou 22 ou 24 ?) mars.
PS: Un petit message perso car ma boite mail est vraiment difficile d’accès ici : Maud, Maya, Coco et Mathilde, j’espère que tout se passe bien et que vous êtes prêtes pour la dernière ligne droite. Quand je pense à toutes ces photos de p’tits bouts que vous allez nous envoyer d’ici mai-juin… c’est cool !!
quelques photos prises sur le ferry...